Le temps des semailles


" Je vous aime, gars des pays blonds (..)
Et toi, paysan fruste et vieux des blancs villages,
Qui n'aimes que les champs et leurs humbles chemins
Et qui jettes la semence d'une ample main
D'abord en l'air, droit devant toi, vers la lumière.."
Emile Verhaeren " La Multitude spendeur" 1906.
Jean-François MILLET. « Le semeur »


Ici, le paysan sème le grain dans une terre brunâtre. Sous son chapeau, son visage est plongé dans une pénombre qui cache ses traits et lui fait perdre son individualité. Il devient ainsi emblèmatique de tous les paysans.

Seule sa bouche est ouverte ; peut -être souffle-t-il sous le poids de l'effort..

Son geste est large, ample et plein de dignité. Il est aussi difficile car il demande rapidité et précision pour uniformiser la semence sur la terre.

Il concentre toute son énergie. Et malgré sa pauvreté, ce paysan est plein de noblesse.

 


"Il y a du grandiose et du style dans cette figure au geste violent, à la tournure fièrement délabrée, et qui semble peinte avec la terre qu' elle ensemence." écrivait Théophile Gauthier alors qu'un autre critique évoquait" l'apothéose de ce rude, de ce noble jouteur qui va religieusement de sillon en sillon confier à la terre le trésor de ses labeurs, l'espoir de l'avenir, la prospérité de la patrie".

Ce tableau était aussi un des tableaux préférés de Van Gogh.

 


« Il marche dans la plaine immense
Va, vient, lance la graine au loin,
Rouvre sa main, et recommence.
Et je médite, obscur témoin.
Pendant que déployant ses voiles,
L 'ombre, où se mèle une rumeur
Semble élargir jusqu'aux étoiles
le geste auguste du semeur. »
Victor HUGO (1865)
La chanson des rues et des bois.


Vincent Van GOGH « le semeur »